Par GRM - Ou quand ce n'est pas peu dire que la Paillade a construit les fondations de son titre 2012 à domicile. Et en seconde période.
38 journées: 9 victoires- 25 nuls - 4 défaites. Non, ce n'est pas une projection optimiste de saison sous Jean Fernandez. C'est le bilan, arrêté à la mi-temps, de la saison du champion de France pailladin en 2012. Forcément, un bilan qui tranche avec le 25 victoires-7 nuls-6 défaites final du MHSC, et le statut de gros champion de l'ère victoire à 3 points avec les 82 unités qui en découlent.
Précisons d'emblée que le score de parité à la mi-temps est le cas de figure le plus fréquent avec par exemple 175 matchs concernés (46%) des 380 rencontres de la saison 2011-2012. Avec 65% de nuls à la pause, le MHSC est le recordman du genre en L1 lors de sa saison du titre.
Pour comparaison, le Lille de Rudi Garcia, champion 2011, présentait un visage de rouleau-compresseur asphyxiant son adversaire d'entrée avec 17 victoires- 17 nuls - 4 défaites à la 45ème minute. Et le Qatar-pillar, champion 2013, rentrait aux vestiaires avec 15 victoires - 19 nuls - 4 défaites.
Assez donc de divergences statistiques pour souligner un atypisme de plus du champion pailladin, et apporter quelques embryons d'explications à ce magnifique succès. Même avec les limites des raisonnements chiffrés.
L'énorme écart 1ère mi-temps / résultat final du champion montpelliérain est encore plus éloquent à la Mosson.
En isolant les 1ères mi-temps à la Mosson du champion 2012, la Paillade, c'est:
- un bilan à la mi-temps digne d'un relégable : 4victoires-13 nuls-2 défaites
- un goal average pas plus flatteur : 9 buts pour, 8 buts contre. 9 fois 0-0 à la pause, et 3 fois 1-1
- des visiteurs principalement cantonnés aux consignes défensives et à l'anéantissement du danger offensif adverse n°1 : 0 but pour Olivier Giroud en 1ère mi-temps sur toute la saison à la Mosson. Seulement 3 buteurs pailladins différents en première période : Belhanda (4), Dernis (3) et Camara (1) + 1 CSC du dijonnais Paulle.
- 9 buts en 19 mi-temps : une attaque montpelliéraine qui tourne à moins d'un but tous les 2 matchs : rounds d'observation, dominations stériles (cf réception de Caen et ses 11 occasions franches en première période), occasions énormes gâchées (Dernis contre Paris, Saihi contre Lille...)
Notons en outre que le scénario des rencontres n'a pas plaidé pour une prise d'assaut immédiate du but adverse : sur les 3 buts inscrits durant le 1er quart d'heure à la Mosson, par 2 fois les adversaires ont égalisé avant la pause (Toulouse, Sochaux).Ajoutons à ces considérations chiffrées les réprimandes de René Girard à propos de l'entame de match contre le PSG jugée trop ambitieuse et pas assez humble, et l'on peut estimer que l'apparent attentisme pailladin en première période est tout sauf un hasard.
- des adversaires encore plus attentistes et empruntés offensivement : Paris et Dijon représentent 50% des buts marqués (4) en première période, les 17 autres visiteurs se partageant 4 buts en 765 mn de jeu. 3 des 8 buts adverses n'ayant au final pas d'incidence comptable en terme de points (le doublé de Corgnet, et l'égalisation du sochalien Maïga)
- seulement 4 retours au vestiaire en menant au score pour les pailladins sur toute la saison à la Mosson, à chaque fois 1-0. Pour 2 paires de victoires assez semblables. Celles contre Brest et Valenciennes, avec une ouverture du score assez chanceuse (Dernis, Camara) et assurément les 2 succès les moins convaincants des 16 de la saison à domicile. Et celles contre Rennes et Lorient, où l'avantage à la pause fera place à une correction 3-0 en deuxième période.
En isolant les 2èmes mi-temps, la Paillade à la Mosson c'est :
- un bilan transfiguré : 14 victoires - 4 nuls - 1 défaite
- un goal average impressionnant: 27 buts marqués, 3 encaissés.
- un total de points qui double par rapport au bilan à la mi-temps : de 25 à 50.
- seulement 3 buts encaissés. 1 seul en 19 rencontres (celui de l'éviannais Berigaud) aura une incidence comptable, celui de Pastore aggravant l'avance parisienne, et celui du dijonnais Guerbert ne faisant que réduire la marque à 5-3.
- un seul score défavorable, 0-1 contre le PSG, à relativiser en outre avec le superbe but valable mais refusé d'Olivier Giroud.
- Aucune situation à la mi-temps ne s'est agravée comptablement pour la Paillade dans les 45 dernières minutes. Pour parvenir à son fabuleux bilan de 50 points à domicile, le MHSC a retourné un désavantage au score (Dijon, 1-2) et converti 11 égalités à la pause en victoire finale (Auxerre, Nice, Nancy, Marseille, Lyon, Ajaccio, Bordeaux, Caen, St Etienne, Sochaux et Lille).
- 4 gros scores : 3-0 contre Rennes, Lorient, Ajaccio, Caen
- 10 buts inscrits dans le dernier quart d'heure (7 décisifs). Contrairement aux idées reçues, le MHSC n'a pas un ratio de points arrachés dans le money-time supérieur à ses concurrents. 14 buts inscrits dans les 15 dernières minutes à domicile pour le PSG 2012 (8 décisifs), 12 pour le 3ème Lille (7 décisifs). Le quart d'heure le plus prolifique offensivement pour le MHSC à la Mosson reste la tranche à partir de l'heure de jeu.
- Muet en première période, Giroud passe à 11 buts marqués après la pause.
- Donnons aux plus fidèles la pierre à l'édifice qui leur revient de droit. Il y a un "effet Butte" dans ce beau bilan : Mi-temps face à la Butte : 12 victoires-5 nuls-2 défaites. Mi-temps face à Corbières : 6 victoires-12 nuls-1 défaite. Matchs avec la 2è mi-temps disputée face à Etang de Thau : 8 victoires -2 nuls -0 défaite.
Encore une fois, les chiffres ne racontent que trop peu par rapport à l'excellence d'un tel exploit. Ils ne vous diront pas le désarroi d'un Souleymane Camara, manquant le penalty qui aurait pu améliorer cet extraordinaire bilan, ou le tir d'Obraniak sur le poteau qui aurait pu le faire tomber un peu (mais finalement si peu) de son piédestal.
Néanmoins, ils traduisent un vrai complot fomenté par René Girard lors de ces 19 rencontres à la Mosson. Un complot associant rigueur défensive et guerre d'usure en première période, et lâchage des chevaux en deuxième mi-temps, avec l'impact physique d'un Giroud, et d'une armada offensive autour de lui pour forcer le destin.